Le Népal, pays montagneux par excellence, subit de plein fouet les conséquences des dérèglements climatiques, en particulier lors des épisodes de mousson, intensifiés entre autres par la quantité toujours plus grande d’humidité présente dans l’atmosphère terrestre, en plus des spécificités climatiques de la région. La communauté internationale et les pays voisins doivent aider le Népal à renforcer sa résilience face aux dérèglements climatiques, alors que cet état est historiquement très peu responsable des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle planétaire.
Le 8 juillet 2025, un glissement de terrain et des inondations à Rasuwagadhi ont provoqué une dévastation à grande échelle dans le nord du Népal et les régions environnantes. The Himalayan Times a rapporté que neuf décès avaient été confirmés au Népal et que 19 autres personnes étaient portées disparues1. Xinhua, l’agence de presse chinoise, a indiqué que 11 personnes étaient également portées disparues au Tibet, la catastrophe s’étant produite à la frontière entre le Népal et le Tibet et ayant touché les communautés des deux côtés2. Les dégâts aux infrastructures ont été particulièrement importants. Quatre centrales hydroélectriques, Rasuwagadhi, Trisuli III, Trisuli et Benighat, ont été endommagées ou détruites, supprimant 8% de la capacité de production électrique du Népal. La catastrophe a également emporté le pont de l’Amitié, qui reliait le Népal au Tibet3.
Selon The Kathmandu Post, les responsables de la Division de prévision des crues, relevant du Département d’hydrologie et de météorologie, n’ont pris connaissance de l’inondation qu’à 6 heures du matin, le mardi. À ce moment-là, certaines personnes étaient déjà exposées au danger avant même de recevoir les alertes sur leur téléphone. Si des avertissements avaient été émis en temps voulu, une grande partie des dégâts aurait pu être évitée et des vies auraient pu être sauvées4.
Cet événement fait partie des nombreuses catastrophes survenues depuis le début de la saison de la mousson cette année, soulignant l’urgence d’un partage en temps réel des données avec les pays voisins afin de prévenir de futurs drames.

De juin à août, le Népal traverse une saison de mousson redoutable, marquée par de fortes pluies, une humidité élevée et une hausse des températures dans la majeure partie du pays. Sa géographie variée, allant de montagnes imposantes à des plaines fertiles, rend le pays extrêmement vulnérable aux catastrophes naturelles, particulièrement pendant la mousson, lorsque les inondations et les glissements de terrain sont fréquents. En 2024, ces catastrophes ont causé 246 morts, 15 disparus, plus de 17 000 sauvetages, ainsi que la destruction de plus de 3 000 habitations, 100 kilomètres de routes et 50 ponts5. Les témoignages de maisons inondées, de coupures d’électricité et de pertes humaines se multiplient, non seulement à Katmandou mais dans tout le pays9.
Le changement climatique accentue à la fois la fréquence et la gravité de ces phénomènes, rendant indispensable une action urgente pour renforcer la résilience du Népal. Cette année, en raison du déplacement d’une zone de basse pression vers le nord, la mousson est encore plus active, augmentant le risque de catastrophes climatiques. Trente-six districts, dont les trois de la vallée de Katmandou (Katmandou, Lalitpur et Bhaktapur), sont actuellement placés en alerte jaune, indiquant un risque modéré et incitant les habitants ou travailleurs proches des rivières à rester vigilants. Depuis le début de la saison de la mousson, le 29 mai, au moins 47 personnes sont décédées et 19 autres sont portées disparues6.
Malgré ces menaces récurrentes, le gouvernement, la société civile, les ONG et les OING du Népal ne disposent toujours pas de systèmes solides de préparation et de réduction des risques. Le relief montagneux, les écosystèmes fragiles et les infrastructures limitées du pays accroissent encore sa vulnérabilité7. Des interventions prioritaires sont donc nécessaires, telles que des services médicaux d’urgence, des plans d’évacuation, un soutien psychologique et une aide alimentaire, en particulier pour les communautés agricoles isolées, souvent les plus touchées. Une action immédiate est essentielle pour éviter de nouvelles pertes humaines.
Comme l’a déclaré Mme Hanaa Singer-Hamdy, coordinatrice résidente des Nations Unies au Népal :
« La réduction des risques de catastrophe est au cœur du développement durable dans un pays aussi exposé que le Népal. Travailler ensemble, de manière collaborative, et établir des partenariats solides et durables entre le gouvernement, le milieu universitaire, les organisations de savoir et les agences des Nations Unies au Népal nous permet de générer des actions collectives et complémentaires, ainsi que de renforcer les efforts d’adaptation au climat. » [Traduction libre]8
Le gouvernement, la société civile et les partenaires au développement doivent veiller à ce que la réduction des risques de catastrophe et la résilience climatique soient intégrées aux décisions politiques et aux programmes de développement. Des efforts holistiques et coordonnés sont indispensables pour obtenir de réels changements et, face à l’augmentation exponentielle des risques climatiques, tous les acteurs concernés doivent unir leurs forces pour protéger les populations les plus vulnérables.

Au cours de mon stage au sein du Nepal Development Initiative (NEDI), une organisation à but non lucratif dédiée à la promotion des entreprises vertes et à la lutte contre les enjeux environnementaux à Katmandou et dans tout le pays9, et de Youth Initiative (YI), une organisation locale dédiée au développement holistique de la jeunesse népalaise10, j’ai eu l’occasion de collaborer à un projet visant à créer des équipes d’intervention d’urgence dans chacune des sept provinces du Népal. L’accent est mis sur les zones à haut risque, où les communautés sont vulnérables aux glissements de terrain, aux inondations et à d’autres catastrophes naturelles. Bien que le projet n’en soit qu’à ses débuts, il constitue une première dans le pays. Ses objectifs incluent la mise en place de ressources et de services d’urgence permanents, la construction d’infrastructures résistantes aux catastrophes, la sensibilisation du public, ainsi que la mise en œuvre de programmes de premiers secours psychologiques (Psychological First Aid – PFA) pour les bénévoles et les survivants. Le projet prévoit également de former des équipes d’intervention rapide dans chaque province, afin d’instruire les habitants sur les mesures préventives et les moyens de se protéger.
Bien qu’ambitieux, un tel projet pourrait avoir un impact considérable sur le renforcement de la résilience climatique des communautés vulnérables. Cependant, les obstacles financiers et administratifs au Népal retardent ou entravent souvent la réalisation des initiatives de développement. Malgré ces défis, de tels efforts collaboratifs doivent rester une priorité. Leur succès dépendra aussi d’un financement durable, d’une formation continue et d’une implication active des communautés locales pour que ces mesures ne soient pas de simples réponses ponctuelles, mais s’inscrivent dans une stratégie de résilience à long terme. Renforcer le leadership local, intégrer la préparation aux catastrophes dans les programmes scolaires et créer des plateformes inclusives pour les femmes et les groupes marginalisés seront essentiels pour rendre les efforts d’adaptation climatiques à la fois efficaces et équitables.
Le Népal, qui compte 30 millions d’habitants, contribue de manière négligeable aux émissions mondiales de carbone, mais subit un flot incessant de crises climatiques qui menacent de réduire à néant ses progrès durement acquis. Bien que les Nations Unies et d’autres partenaires internationaux cherchent à aider le pays à gérer ces risques, les efforts actuels demeurent insuffisants. L’action est urgente : à mesure que les catastrophes deviennent plus fréquentes et plus destructrices, chaque acteur doit assumer sa responsabilité pour garantir un avenir plus sûr et plus résilient au Népal.
Notes et références
1. Online, T. H. T. (8 juillet 2025). Bodies of Nine Recovered in Rasuwa Floods, 19 Still Missing. The Himalayan Times. https://thehimalayantimes.com/nepal/bodies-of-nine-recovered-in-rasuwa-floods-19-still-missing
2. All-out rescue efforts underway after mudslide in China-Nepal border port. (n.d.). Xinhua. Récupéré le 12 août 2025 de : https://english.news.cn/20250708/6b0e5cd0569c4a2ca1abd79a34ef12bc/c.html
3. Petley, D. (9 juillet 2025). The 8 July 2025 catastrophic flood at Rasuwagadhi in Nepal. Eos. https://eos.org/thelandslideblog/rasuwagadhi-1
4. Arjun Pudel. (9 juillet 2025). Rasuwagadhi flooding exposes gaps in neighbourly data-sharing. (n.d.). Kathmandu Post. Récupéré le 12 août 2025 de : https://kathmandupost.com/climate-environment/2025/07/09/rasuwagadhi-flooding-exposes-gaps-in-neighbourly-data-sharing
5. Understanding the Recent Floods and Landslides in Nepal: Causes, Statistics & Stories. (n.d.). Volunteers Initiative Nepal. Récupéré le 26 juin 2025 de : https://www.volunteersinitiativenepal.org/news-updates/understanding-floods-landslides-nepal-2024/
6. Shristi Manandhar. (5 août 2025). Nepal floods: A preventable disaster. Kathmandu Post. Récupéré le 6 août 2025 de : https://kathmandupost.com/columns/2025/08/05/nepal-floods-a-preventable-disaster
7. Nepal in Data. An Overview of Fire, Landslide, and Flood Disasters in Nepal. (n.d.). Récupéré le 6 août 2025 de : https://nepalindata.com/devnotes/overview-fire-landslide-and-flood-disasters-nepal/
8. ibid.
9. Nepal Development Initiative—NEDI – Creating Sustainable Change with Social Entrepreneurship. (n.d.). Nepal Development Initiative – NEDI. Récupéré le 11 août 2025 de : https://www.nedi.org.np/
10. Youth Initiative. (n.d.). Récupéré le 14 août 2025 de : https://youth.org.np/