8 mars — Mot d’ordre : briser le silence et dénoncer les violences

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À l’occasion de la Journée internationale des femmes, Alternatives unit sa voix à celles des manifestant·es qui étaient dans les rues ce dimanche 8 mars et toutes les militant·es féministes et leurs alli·ées, qui toute l’année et ce partout dans le monde, dénoncent les violences faites aux femmes.

Au cœur de la contestation sociale qui fait rage ces derniers mois, de l’Amérique latine au Moyen-Orient, les femmes sont en première ligne. Leur cri de ralliement nous demande de « briser le silence » autour des violences sexistes, sexuelles et les féminicides. Impulsées par un féminisme intersectionnel, vivifiées par la vague #MeToo, la plus récente #jesuisvictime, l’hymne Un violador en tu camino venu du Chili, elles sont de plus en plus nombreuses à se soulever, « se lever et se casser », à transformer la colère en action contre les profondes injustices, les inégalités et l’impunité traversant la société et les structures mises en place par le patriarcat. Ces manifestations marquent un important changement générationnel dans la prise de conscience concernant l’ampleur et la profondeur de la violence contre les femmes, mais aussi un renouvellement de la contestation féministe, une nouvelle vague englobant les revendications contre les systèmes patriarcal et capitaliste.

Le ras-le-bol est celui des femmes qui ne se sentent pas en sécurité chez elles, dans leur communauté, sur leur lieu de travail. Le ras-le-bol est celui des travailleuses invisibles, celles qui travaillent au péril de leur santé, les porteuses des charges mentales, celles qui se battent pour un salaire digne et égal. Un ras-le-bol contre les vies précarisées, les vies jetables, la violence des états coloniaux, de l’impérialisme, du racisme, de l’extrême droite.

Souvenons-nous qu’il y a un féminicide tous les 2,5 jours au Canada. 4000 femmes et filles autochtones ont été assassinées ou sont disparues de 1980 à 2012. En Amérique latine, une femme est tuée toutes les deux heures du fait d’être une femme ou une fille. Un fléau mondial. Intolérable. Inacceptable.

Alternatives travaille depuis plus de 25 ans à la recherche de l’autonomisation des mouvements sociaux dans une perspective de solidarité internationale. Une grande partie de notre travail a été orientée vers l’autonomisation des femmes dans des contextes de pauvreté et de violence. Au cours de l’année dernière, dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), nous avons développé deux projets qui visaient à améliorer la réponse des organisations des femmes journalistes contre la violence sexiste. Ces projets sont développés dans six pays en situation de conflit où les menaces à l’exercice de la profession journalistique sont ancrées dans une forte culture patriarcale dans laquelle les femmes vivent de multiples types de violence. Actuellement, nous entamons deux projets, un au Honduras et un autre au Soudan, pour amplifier notre réflexion sur la pratique de la prévention de la violence exercée contre les femmes.

La Journée internationale des femmes est l’occasion d’honorer la force et le courage de toutes les femmes en lutte, qui font craquer l’édifice patriarcal. Nous célébrons toutes celles qui bouleversent les hiérarchies, repoussent les limites du langage des revendications et des pratiques de résistance.

Le 8 mars 2020 est historique. Un million de personnes ont marché les rues de Santiago du Chili. C’est d’une ampleur inédite. Un printemps féministe se poursuit avec des millions de femmes au Mexique (#Undiasinmujeres) et au Chili (#huelgageneralfeminista) qui feront la grève générale pendant 24 h. Ces manifestations massives placent dans l’espace public de façon frontale la question des violences sexuelles et sexistes et la dénonciation des féminicides. Ce cri collectif ne peut plus être ignoré.

Nous nous solidarisons et appuyons cet appel des femmes du monde pour réclamer la fin du silence et dénoncer les violences et le patriarcat !