Autonomie des femmes et des adolescentes dans le secteur informel au Honduras
Crédit photo : FOTSSIEH
Description
Mise en contexte
La situation sécuritaire au Honduras en 2024 reste complexe et préoccupante, malgré certains efforts des autorités gouvernementales et bien que les statistiques indiquent une légère baisse du taux d’homicides et de féminicides, le pays reste l’un des plus violents au monde. Cette violence est en grande partie due à l’influence des maras et des gangs, qui contribuent au crime organisé, au trafic de drogue, à l’extorsion et à la violence sexiste.
En 2023, le taux d’homicides était de 34,5 pour 100 000 habitants, avec une moyenne de 280 homicides par mois. La violence à l’égard des femmes a considérablement augmenté, avec une hausse de 24,2 % des féminicides par rapport à 2022. En outre, les armes à feu restent le principal moyen utilisé dans les homicides, impliquées dans plus de 74 % des cas. (rapport du Centre pour les droits des femmes CDM)
En 2024, la violence dans le pays reste un défi, avec plus de 3 617 homicides enregistrés entre janvier et août, dont 167 étaient des féminicides et 18 femmes sont décédées à la suite d’homicides multiples, soit un total de 185 femmes qui ont perdu la vie depuis le début de l’année. Bien que des efforts aient été déployés grâce à des mesures telles que l’état d’urgence, des problèmes persistent, tels que l’impunité, qui atteint 96 %, et le contrôle limité du crime organisé dans certaines zones comme San Pedro Sula et le district central, qui restent les villes où les taux de violence sont les plus élevés.
Selon le Secrétariat aux droits de l’homme du Honduras (SEDH), l’agression sexuelle est la principale forme de violence sexiste, ce qui signifie que les femmes qui en sont victimes ont peu de chances de rechercher ou d’obtenir une protection élémentaire. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique dans ses statistiques mondiales qu’au moins 30 % des femmes ont subi une forme de violence à un moment donné de leur vie, et qu’environ 2 % ont été victimes de violence sexuelle.
Dans les communautés, les sources de menaces et de violence sont multiples, notamment les maras et les gangs, les trafiquants et les délinquants de droit commun. À l’heure actuelle, les gangs criminels et d’autres acteurs sont à l’origine d’une situation de déplacement forcé au Honduras, avec environ 247 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays.
Au Honduras, les femmes représentent 53,3 % de la population totale et 38,2 % des ménages ont une femme comme chef de famille. Selon les données de l’Institut national de statistique (INE), environ 60 % des femmes font partie de l’économie informelle et choisissent de créer de petites entreprises afin de subvenir aux besoins de leur famille. Le taux de chômage chez les femmes est de 8,1 %, contre 4,2 % chez les hommes.
Toutes ces situations d’insécurité réduisent les chances d’accéder à un emploi décent pour la majorité de la population, mais surtout pour les femmes. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), les chances pour les femmes d’accéder à un emploi décent sont faibles, voire nulles, en raison de plusieurs facteurs, tels que :
1. Écart entre les sexes en matière d’emploi : les femmes sont confrontées à des taux de chômage et de sous-emploi plus élevés que les hommes.
2. Discrimination au travail : les femmes sont souvent confrontées à des salaires plus bas, même lorsqu’elles occupent des postes à plus grandes responsabilités ou des postes de direction.
3. Charge de travail non rémunérée : les femmes assument généralement une charge plus importante de tâches domestiques et de soins non rémunérés, ce qui limite leurs possibilités de participer au marché du travail formel.
4. Accès limité à la formation et à l’éducation : les obstacles à l’accès à l’éducation et à la formation professionnelle affectent également leurs chances d’obtenir des emplois bien rémunérés et offrant de bonnes conditions.
5. Violence sexiste : elle reste un obstacle important au développement des femmes dans l’économie informelle, car ce sont elles qui souffrent le plus du harcèlement sexuel, des intimidations, de la discrimination, entre autres.
Il est donc essentiel de mettre en œuvre des initiatives préventives qui favorisent des environnements sûrs et exempts de violence, permettant aux femmes de développer leur potentiel entrepreneurial dans un environnement qui leur est favorable.
La prévention de la violence, la formation et le renforcement des capacités sont des éléments essentiels pour gérer les formes d’autonomisation des femmes dans l’économie informelle au Honduras. En abordant ces aspects de manière globale, il est possible de créer un environnement propice à l’accès des femmes aux opportunités économiques, à leur protection contre la violence sexiste et à leur renforcement en tant qu’agents de changement au sein de leurs communautés.
Année(s)
2024–2027Région(s)
Amérique Latine et CaraïbesLieu(x)
HondurasPartager
Objectifs
L’objectif du projet, financé par le programme Québec sans frontières du Ministère des Relations internationales et de la Francophonie – Solidarité internationale, est de soutenir les activités du Centre d’attention intégrale pour les femmes entrepreneuses (CAIME) créé par Alternatives en 2020 au Honduras dans le cadre d’un projet visant à autonomiser les femmes dans le secteur informel. Le CAIME opère dans les locaux de la Fédération des travailleurs du secteur social de l’économie informelle (FOTSSIEH), dans la ville de San Pedros Sula, et dispose d’une équipe multidisciplinaire de professionnels (médecin, psychologue, avocat et bénévoles de la FOTSSIEH). Le CAIME offre des services permanents gratuits aux femmes du secteur informel. Cela est possible grâce aux contributions volontaires des membres des organisations affiliées à la FOTSSIEH. Mais les ressources sont très limitées. C’est pourquoi cette initiative vise à soutenir toutes les activités pendant une période de deux ans (2024-2026), afin de continuer à offrir ses services, en particulier aux femmes du secteur de l’économie informelle.
Le CAIME adopte une approche globale et multidisciplinaire afin de répondre efficacement aux besoins des victimes et de favoriser leur rétablissement et leur autonomisation grâce aux trois stratégies d’intervention suivantes :
1 – INTERVENTION GLOBALE EN MATIÈRE DE VIOLENCE
- Soutien psychologique
- Soins médicaux
- Conseils et accompagnement juridique
2 – PROCESSUS DE FORMATION
- Prévention de la violence sexiste
- Moyens de subsistance
- Santé sexuelle et reproductive
- Masculinités positives.
3 – RENFORCEMENT COMMUNAUTAIRE / PLAIDOYER
- Liaison et coordination avec le gouvernement local
- Processus de formation destinés aux autorités locales et aux ONG
- Campagnes de sensibilisation et de prévention communautaires
- Renforcement des capacités des leaders en matière de masculinité positive et des femmes leaders dans le domaine de la violence sexiste.
1 – PRISE EN CHARGE INTÉGRALE DE LA VIOLENCE PSYCHOLOGIQUE, MÉDICALE ET JURIDIQUE À CARACTÈRE SEXISTE
Les femmes et les filles sont confrontées à des menaces de violence tant au sein de leur foyer que dans leur communauté. Au sein du foyer, il s’agit de la violence conjugale. Les normes patriarcales néfastes, le stress lié à la pauvreté et la masculinité toxique sont les moteurs de la violence domestique.
Dans le même temps, les facteurs de protection se sont affaiblis, en particulier ceux liés à l’accès à l’information et aux services de santé sexuelle et reproductive, aux aspects juridiques et psychosociaux. C’est pourquoi les soins sont dispensés selon les principes directeurs suivants :
Approche centrée sur la survivante
A – Attention personnalisée : offrir un espace sûr où les victimes se sentent à l’aise et respectées, et où elles reçoivent une attention adaptée à leurs besoins individuels.
B – Confidentialité : garantir la vie privée des victimes afin de favoriser la confiance et de faciliter l’ouverture sur leurs expériences.
C – Intervention multidisciplinaire : équipe multidisciplinaire composée de professionnels de différents domaines, tels que la psychologie, le droit et la santé, afin d’offrir une approche holistique qui aborde toutes les dimensions de la violence.
- Conseil psychologique : fournir des services de soutien psychologique et de thérapie pour aider les victimes à surmonter leur expérience et à développer des mécanismes d’adaptation, à reconnaître leur situation de victime de violence basée sur le genre, ce qui leur permettra de reprendre le contrôle, de développer leur résilience et de mettre fin à la violence subie.
- Conseil juridique : fournir des informations et une assistance juridique sur les droits, les possibilités de plainte et les procédures judiciaires.
- Services de santé : garantir l’accès aux soins médicaux, y compris les soins primaires et les services de santé sexuelle et reproductive.
- Système de renvoi et de contre-renvoi vers les autorités policières, judiciaires, sanitaires, entre autres.
D – Respect : toutes les mesures prises seront guidées par le respect des choix, des souhaits, des droits et de la dignité de la victime, qui est maître de son propre processus.
2 – PROCESSUS DE FORMATION
Prévention de la violence sexiste
Les mécanismes de signalement des crimes et les services d’aide intégrés destinés aux victimes de violence sont souvent entravés par des obstacles et la stigmatisation, en particulier lorsque l’agresseur vit sous le même toit. Les mécanismes de signalement déficients et la faiblesse des systèmes d’application de la loi ne permettent pas d’apporter une aide rapide à de nombreuses femmes exposées à la violence, tandis que l’impunité encourage de nouveaux cas de violence.
À cette fin, des cours de formation et des équipements de base sur la protection, l’orientation et le signalement des cas de violence sexiste seront fournis, ce qui permettra aux membres de la fédération d’améliorer leurs connaissances en matière de première intervention, de cadre réglementaire des lois nationales et internationales sur la violence sexiste et de reconnaissance des voies et de l’orientation des plaintes.
Moyens de subsistance
Les moyens de subsistance mettent en évidence le lien entre les vulnérabilités économiques et les vulnérabilités à la violence sexiste. Lorsque les femmes n’ont pas de revenus, ou ont des revenus instables ou précaires, ou pire encore, dépendent entièrement d’un homme dans leur foyer, elles deviennent plus vulnérables à la violence, sous toutes ses formes. Au sein du foyer, elles ont un pouvoir de négociation réduit, se sentent souvent piégées et ont peur de partir même en cas de violence, et entrent souvent dans des cycles de violence et de dépendance.
Pour elles, des liens seront établis, des orientations et un suivi seront assurés auprès des organisations gouvernementales/ONG qui fournissent ces services à la population et proposent des ateliers de formation permettant aux femmes d’acquérir des compétences non techniques dans les domaines de la gestion d’entreprise, de la comptabilité de base, du marketing numérique, de l’élaboration de plans d’affaires et autres, afin de leur permettre d’atteindre l’autosuffisance et la justice économique.
Santé sexuelle et reproductive
Le rétablissement de l’autonomie liée à la violence sexiste se traduit souvent par un contrôle sur le corps et la sexualité des femmes. L’intégration de la santé sexuelle et reproductive les aide à reprendre le contrôle de leurs décisions corporelles et reproductives, ce qui est essentiel à leur autonomisation et à leur rétablissement.
La prévention des conséquences physiques pour les femmes victimes de violence sexiste peut être très utile, car de nombreuses femmes victimes de violence sexiste peuvent souffrir de problèmes de santé sexuelle tels que des infections sexuellement transmissibles (IST) ou des grossesses non désirées. . C’est pourquoi les affiliés bénéficieront de processus d’information intégrant des éléments sur la manière de détecter et de traiter les maladies chroniques, ce qui peut contribuer à prévenir et à traiter ces conséquences, améliorant ainsi leur bien-être général.
Masculinités positives
Les masculinités positives désignent les formes sous lesquelles les hommes promeuvent des relations d’égalité et de respect envers toutes les personnes, quel que soit leur genre. Ces masculinités sont fondées sur l’empathie, la bienveillance et l’équité, et sont essentielles pour remettre en question les stéréotypes associés au machisme et à l’agressivité.
Les programmes de formation sur les masculinités positives visent à encourager les hommes à réfléchir de manière critique à leurs rôles, leurs comportements et leurs attitudes, ainsi qu’à promouvoir des modèles de comportement qui privilégient la non-violence et le respect. Ils reposent sur deux approches :
- Sensibilisation : créer des espaces de dialogue et de réflexion critique où les hommes peuvent explorer et remettre en question les normes traditionnelles de genre.
- Prévention de la violence : doter les hommes d’outils et de compétences leur permettant d’identifier et de rejeter les attitudes et les comportements violents, ainsi que de promouvoir des relations saines.
3 – RENFORCEMENT COMMUNAUTAIRE / PLAIDOYER
Pour prévenir et lutter contre la violence sexiste, il convient de renforcer les capacités tant des personnes concernées que des communautés, et de rétablir le leadership communautaire afin de pouvoir apporter une réponse plus rapide et globale en matière de prévention et de prise en charge de la violence sexiste.
À cette fin, il convient de prendre en considération les éléments suivants :
A – Liaison et coordination avec les autorités locales :
Coordination avec les autorités locales afin de garantir l’efficacité et la bonne mise en œuvre des politiques de lutte contre la violence sexiste. Un travail conjoint sera mené avec les acteurs gouvernementaux et de la société civile présents sur le terrain au sein des communautés, tels que les bureaux municipaux pour les femmes (OMM), les conseils de développement communautaire, les patronages, les églises, les comités de l’eau et les femmes leaders communautaires, afin de créer un réseau de services. Des cartographies seront réalisées afin d’identifier les alliés nécessaires pour former un front commun.
B – Approches et coordination avec d’autres instances :
Entités gouvernementales et non gouvernementales telles que Cuidad Mujer, INFOP, SEMPRENDE, SEMUJER, qui travaillent sur différents thèmes au profit des affiliés des syndicats, afin d’établir des accords de compréhension.
C – Processus de formation destinés aux autorités locales et aux acteurs clés :
Des formations seront proposées aux acteurs clés, gouvernementaux et non gouvernementaux, sur la prévention, la prise en charge et l’atténuation de la violence sexiste. Cela permettra d’améliorer la première réponse, l’application des procédures d’identification et l’orientation des cas.
D – Sensibilisation communautaire :
1 – Des processus de sensibilisation communautaire seront mis en place, qui porteront sur des thèmes tels que : l’information sur la violence sexiste, y compris les droits liés au genre, les risques et les types de violence sexiste, les conséquences de la violence sur les personnes et les lieux où porter plainte. Ces actions seront menées à travers des kiosques d’information, des campagnes de prévention, des salons, des forums, des marches, des randonnées, lors de dates commémoratives telles que le 25 janvier, le 8 mars, le 25 novembre, les 16 jours d’activisme pour les droits humains, la réponse au VIH, entre autres.
2 – Élaboration d’une campagne d’IEC, avec la réalisation de banderoles, de dépliants, de t-shirts, de sacs, de casquettes et d’autres articles portant des messages de prévention. Participation à des campagnes sur les radios locales et les réseaux sociaux, avec le soutien des dirigeants communautaires, afin de renforcer une attitude de tolérance zéro envers la violence sexiste, considérée comme une violation grave des droits humains.
3 – Promouvoir, via les pages web de la fédération, les services fournis par le CAIME et les activités qu’il mène, à travers :
https://www.facebook.com/fotssieh.sanpedrosula
https://www.instagram.com/fotssieh
E – Renforcement des capacités et du leadership en matière de masculinités positives et points focaux dans le domaine de la violence basée sur le genre
Les hommes leaders en matière de masculinités positives et les femmes leaders communautaires seront formés en tant que points focaux afin d’accompagner, dans un environnement de confiance, les survivantes de violence de genre et de renforcer les processus de masculinités positives.
Partenaires
Au Honduras, Alternatives travaille avec la Federación de Organizaciones de Trabajadores del Sector Social e informal de la economía de Honduras (FOTSSIEH), qui a été fondée en 2001.
Affiliée à la Confederación Unitaria de Trabajadores (CUTH), la FOTSSIEH regroupe 42 associations dans les 18 départements du pays, et compte quelque 22 000 membres (dont 80 % de femmes). Dotée d’un secrétariat de la femme, cette organisation syndicale a mis au point une stratégie visant à renforcer l’autonomisation des femmes au sein de collectifs de travailleuses et de travailleurs autonomes.
Le Centro de Atención Intregral para las Mujeres Emprededoras (CAIME) a été créé par Alternatives en 2020 au Honduras dans le cadre d’un projet d’autonomisation des femmes dans le secteur informel.
Activités
Le programme a mis en œuvre une série d’activités génératrices de revenus pour les mères qui acquièrent des compétences et des connaissances pour développer des moyens de subsistance durables. Les ateliers comprenaient la pratique de l’agriculture urbaine dans le jardin modèle du centre, des conseils pour répondre aux besoins nutritionnels quotidiens ou pour trouver d’autres sources de revenus comme la commercialisation de produits agricoles urbains ou la fabrication de produits à partir de matériaux recyclés. Pour ces jeunes mères, l’acquisition de nouvelles compétences et connaissances a donné des résultats positifs, car elles ont acquis la capacité de fournir une alimentation adéquate à leur famille sans réduire leur propre consommation.
Impacts de ce projet
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