Renforcer les moyens de subsistance des femmes affectées par la guerre civile au Sri Lanka

© Alex Bédard

Renforcer les moyens de subsistance des femmes affectées par la guerre civile au Sri Lanka

© Alex Bédard

Description

De 1983 à 2009, au Sri Lanka, une guerre civile a opposé l’armée gouvernementale de la majorité cinghalaise aux militants séparatistes des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE).
Ces trois décennies de violences ont causé plus de cent mille morts, des violations des droits humains de tous types, telles que la détention arbitraire et illégale et les disparitions forcées, ainsi que des déplacements internes massifs. L’offensive de l’armée sri-lankaise de la dernière phase du conflit, visant à anéantir les LTTE, s’est soldée par un bain de sang qui aurait fait jusqu’à quarante mille victimes, parmi les civils et les combattants très majoritairement tamouls. L’une des conséquences de cette hécatombe est le nombre élevé de veuves de guerre et de femmes vivant seules. Le pays compterait aujourd’hui quelque 89 000 veuves et plusieurs milliers d’autres femmes cheffes de famille.
 
Pendant la guerre, beaucoup de ces femmes ont perdu l’accès à la terre, à leurs biens et à des moyens de subsistance dignes et décents. Ainsi, cette situation les prédispose à la pauvreté, à l’exclusion sociale, à la violence sexuelle et à d’autres formes d’exploitation. Vu la précarité de leur situation socioéconomique, ces femmes sont souvent poussées au travail sexuel ou condamnées au travail forcé.
 
De plus, encore aujourd’hui, au nom de la sécurité nationale, des populations, en particulier dans les zones occupées du nord et de l’est, continuent d’être déplacées, sans leur consentement, et relocalisées sans égard à leurs moyens de subsistance ; plusieurs familles sont forcées de vivre dans des campements et des abris temporaires où elles n’ont aucune source de revenus. Les conditions des femmes, notamment les femmes ayant perdu leur mari pendant la guerre, sont particulièrement difficiles.
 
Ce projet répond donc à une double problématique : la pauvreté dont sont victimes les veuves et la violence à laquelle les prédispose cette pauvreté.
 

De nombreuses populations déplacées n’ont pas pu regagner leurs terres à leur retour en raison de l’occupation par l’armée et de l’accaparement des terres à des fins commerciales. Il faut mentionner aussi la pression exercée par les agences multilatérales et la volonté de créer une main d’œuvre bon marché pour rendre l’économie plus compétitive qui sont des facteurs entraînant le pays dans la voie des mégaprojets, souvent des complexes hôteliers. Les régions côtières sont particulièrement prisées en raison de leur potentiel économique et touristique. Ces terres, confisquées par l’armée, sont décrétées d’utilité publique, tandis qu’elles ne profiteront en rien aux populations affectées.
Le gouvernement cherche aussi à s’emparer des terres afin d’élargir sa zone franche qui emploie actuellement des centaines de milliers de personnes, principalement dans l’industrie textile. Formée d’une écrasante majorité de femmes, la main d’œuvre demeure généralement sans contrat, avec peu de chance de se syndicaliser, et risque le licenciement si elle ne se soumet pas à toutes les exigences de l’employeur. Plus de 41 % des travailleuses affirment qu’elles sont forcées de travailler plus de neuf heures supplémentaires par jour dans des conditions insalubres. Les violences physiques et sexuelles sont fréquentes.

Cette initiative soutient l’autonomisation des veuves et d’autres femmes cheffes de famille, dans des régions du Sri Lanka qui ont été sévèrement touchées par les décennies de guerre civile, ou qui ont été déplacées par le conflit.

D’un côté, le projet vise à renforcer les moyens de subsistance des femmes en leur fournissant des ressources, du crédit et une meilleure connaissance du fonctionnement en entrepreunariat. Cette première composante cherche aussi à soutenir des pratiques de subsistance durables, y compris des initiatives d’agriculture urbaine et de revalorisation des déchets (notamment de compostage).

De l’autre, l’initiative vise à renforcer la participation politique des femmes, à promouvoir et protéger leurs droits et à les protéger contre la violence, l’exploitation et la marginalisation.

Le renforcement de l’accès à la terre constitue un axe prioritaire du projet.

Ce projet est financé par le partenaire du Québec Mission inclusion et mis en œuvre par notre partenaire du Sri Lanka, le National Fisheries Solidarity Organization (NAFSO).

NAFSO est un mouvement de pêcheurs qui travaille pour mettre en œuvre des modèles de développement durable, particulièrement dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche du Sri Lanka de l’après-guerre.

Le projet comprend les principales activités suivantes :

  • Fournir un soutien (ressources, accompagnements, connaissances) aux activités de subsistance de quelque 75 femmes et de filles cheffes de famille à Trincomalee, Mannar et Batticoloa, qui couvrent 32 villages.
  • Offrir des formations et un mentorat pour renforcer les capacités d’associations locales afin qu’elles soient mieux en mesure de contribuer au processus d’autonomisation et d’émancipation des femmes ciblées et de les aider à réclamer leur accès à la terre et à la propriété.
  • Soutenir la création de la Fédération nationale des femmes du Sri Lanka.
  • Offrir des formations et des outils pour renforcer les capacités de quelque 270 femmes et hommes à aborder des pratiques de subsistance durable.

Impacts de ce projet