Soutien aux femmes journalistes et défenseures des droits humains au Moyen-Orient

© Alex Bédard

Description

Dans de nombreux pays de la région MENA, la violence persistante et les séquelles de conflits antérieurs ont éclipsé les progrès de la démocratisation et les efforts visant à promouvoir les droits humains des femmes et l’égalité des sexes. En conséquence, les femmes défenseures des droits humains ont fait l’objet de menaces, de harcèlement en ligne et hors ligne et de violences sexuelles. Bien qu’elles soient les actrices clés qui peuvent apporter de la visibilité et éduquer leurs communautés sur les droits des femmes et d’autres groupes marginalisés dans leurs sociétés, elles ont été limitées par la discrimination fondée sur le genre, le besoin de renforcement des capacités en technologies et communication médiatiques et les menaces reçues en réponse aux sujets qu’elles couvrent.

Alors que les défenseurs des droits humains (DDH) et autres acteurs de la société civile utilisent de plus en plus les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour défendre les points de vue des groupes marginalisés, ils sont confrontés à des obstacles importants en matière de liberté d’expression et de sécurité en ligne. Bien que ces nouvelles technologies aient créé un espace d’expression, elles ont également créé un espace où les abus en ligne peuvent avoir lieu sous forme de discrimination et de harcèlement. Cela est devenu un puissant obstacle à la sensibilisation de l’opinion aux questions relatives aux femmes et aux droits de humains, laissant ces questions sous silence et marginalisées.

Le projet « Supporting Women Journalists and Human Rights Defenders » cible les défenseures des droits humains et les femmes journalistes afin d’encourager les médias et les groupes de la société civile à s’engager davantage dans la lutte contre les violations des droits humains et des droits des femmes, tout en sensibilisant la population à la situation des groupes marginalisés en Irak, au Yémen, en Cisjordanie, à Gaza et au Soudan. En acquérant des compétences, des connaissances techniques et une meilleure compréhension des médias ainsi qu’en développant un plus grand respect des standards éthiques et déontologiques, les femmes journalistes et autres défenseures des droits humains peuvent devenir des moteurs du changement pour influencer positivement le discours public dans leurs sociétés et aborder les questions relatives aux droits des femmes et aux droits humains.

 

Le projet vise à créer un environnement favorable aux défenseures des droits humains et aux femmes journalistes qui utilisent les médias pour promouvoir et défendre les droits des femmes et des filles. Plus spécifiquement, le projet touche directement plus de 800 défenseures des droits humains, femmes journalistes et étudiantes en journalisme pour mieux rendre compte des violations des droits humains, surmonter l’isolement, accroître leur visibilité et réduire leur vulnérabilité face aux menaces et au harcèlement en ligne et hors ligne. Ces femmes participeront à des séminaires et ateliers régionaux qui leur donneront l’occasion d’acquérir des compétences techniques en utilisant des stratégies novatrices en matière de droits de humains dans les médias et technologies afin de contribuer à améliorer l’égalité des sexes.

Pour parvenir à un changement social efficace, le projet implique également des journalistes masculins, des cadres des médias, des autorités locales et d’autres groupes cibles secondaires afin de souligner le rôle vital des femmes journalistes et des femmes défenseures des droits humains dans le développement des sociétés. Le projet vise à mieux faire reconnaître en droit et en pratique la nécessité de protéger la liberté d’expression et d’accroître la circulation de l’information sur les femmes et les autres groupes marginalisés. Enfin, ces initiatives auront un impact sociétal durable qui améliorera la situation générale de ces groupes et leur accès aux services fondamentaux.

En plus de l’implication directe des femmes et des groupes cibles secondaires, le projet aura également un impact sur environ 10 000 autres défenseures des droits humains et journalistes dans les pays cibles en tant que bénéficiaires finaux. Grâce aux compétences acquises par les principales cibles, ces bénéficiaires finaux auront un meilleur accès à des personnes ressources formées qui soutiennent leur liberté d’expression et leur capacité à promouvoir les droits des femmes et des filles. La durabilité des objectifs du projet est essentielle pour créer des impacts sociaux, techniques et politiques significatifs dans chaque pays, ainsi que pour continuer à établir un environnement qui promeut les droits humains et la liberté d’expression.

 

Alternatives est responsable de la gestion globale et de la coordination du projet et travaille également avec les organisations partenaires établies dans chaque pays qui mènent l’effort de consultation locale sur les projets. Cela implique notamment de coordonner la participation des groupes cibles aux séminaires régionaux.

L’Iraqi Women Journalist Forum (IWJF – Forum Irakien des Femmes Journalistes) est l’organisation partenaire en Iraq. Elle a été créée en 2011 en tant qu’organisation non gouvernementale de la société civile s’intéressant aux femmes dans les médias et à la défense des droits des femmes et des droits humains.

Le principal partenaire au Soudan est le Centre de service de presse Alalag qui a été fondé par des femmes journalistes en 2007. Ses principales préoccupations sont axées sur le renforcement des capacités des femmes journalistes et des femmes afin d’améliorer leurs compétences en matière de droits humains et de perspectives sexospécifiques.

En Cisjordanie et à Gaza, le Centre de créativité des enseignants (CTC) a été créé en 1995 par un groupe d’enseignants travaillant dans les écoles. Depuis sa création, le CTC s’est efforcé d’assurer un environnement paisible et sûr dans les écoles en encourageant l’intégration des droits humains et de l’éducation civique dans les programmes scolaires.

Le Centre des médias culturels (CMC) est l’organisation partenaire issue de la société civile au Yémen. Ses objectifs sont axés sur les droits et libertés des médias au Yémen.

Le projet comporte les principales activités suivantes :

Trois séminaires régionaux à Amman (2018-2019)

Trois séminaires régionaux ont été organisés à Amman pour renforcer le pouvoir d’action des femmes journalistes et des personnes qui détiennent une expérience dans le secteur des médias de tous types (notamment les médias numériques) ou de la défense des droits humains.

Organisé sous forme de tables rondes et d’échanges, le premier séminaire (du 26 au 30 juin 2018) a abordé certaines stratégies médiatiques visant à informer et à sensibiliser la population à la violence sexuelle et sexiste, et ainsi contribuer à une couverture mieux informée de ces types de violences. Le second séminaire (du 13 au17 novembre 2018) a examiné la sécurité numérique et les risques que posent les médias numériques pour les femmes. Puis, un dernier séminaire (du 22 au 25 avril 2019), s’est penché sur l’éducation aux médias, ainsi que sur les pratiques exemplaires en ce qui concerne les réseaux sociaux et le journalisme mobile. Une vingtaine de participantes et de participants ont assisté à chacune de ces rencontres formatives.

Des ateliers nationaux

Les grandes thématiques des séminaires régionaux ont été reprises au moyen de trois ateliers organisés à l’échelle des pays ciblés, soit le l’Irak, la Palestine, le Soudan et le Yémen. Chacun des ateliers s’adressait à une vingtaine de participantes et de participants, en majorité des femmes.

Des ateliers de formation à l’éducation aux médias

Un axe prioritaire du projet est l’éducation aux médias, à la production de l’information journalistique et à la communication numérique afin de renforcer la capacité citoyenne à protéger les droits des femmes et des filles. Ainsi, au cours de l’été 2019, des ateliers d’initiation aux médias ont été organisés en Irak, en Palestine et au Soudan. Une quinzaine de participantes et de participants y ont pris part dans chacun des pays.

Activités pour les étudiantes et les étudiants en journalisme

Le projet cible également les étudiantes et les étudiants en journalisme au moyen d’ateliers de formation à la sécurité numérique et la création de clubs de journalisme.

À ce stade du projet, des ateliers ont été organisés à Khartoum (Soudan) et en Cisjordanie, qui ont rejoint chacun une quinzaine de personnes. Ces deux formations ont conduit à la création d’un club de journalisme au Soudan et de trois clubs en Palestine, soit deux en Cisjordanie (Université arabe américaine, Université technique palestinienne) et un troisième qui réunit des étudiants issus de différentes écoles de journalisme de la bande de Gaza. Au cours de la dernière phase du projet, ces clubs entreprendront des campagnes d’information et d’éducation, y compris la diffusion de bulletins d’information sur les enjeux liés aux droits des femmes et des filles.

La formation d’un réseau régional de femmes journalistes

Dans le cadre du projet, un réseau a été créé pour renforcer l’action collective des femmes journalistes et d’autres journalistes-citoyennes autour de problématiques qui touchent les droits humains. Ce réseau vise aussi à renforcer le dialogue et favoriser la mise en commun de pratiques et de stratégies journalistiques afin d’amplifier la parole des femmes. Le réseau a notamment organisé une conférence régionale les 17 et 18 novembre 2018, en collaboration avec l’organisation jordanienne Arab Women Media Centre (AWMC).

La participation au mécanisme de l’Examen périodique universel (EPU)

Une série de consultations et d’ateliers de formations ont été organisés à Amman et dans chaque pays partenaire afin de faire participer la société civile au processus de l’Examen périodique universel (EPU) et ainsi mettre en lumière les violations faites aux femmes journalistes et aux femmes, professionnelles ou citoyennes, qui travaillent dans le secteur des médias. Ces activités ont renforcé la capacité de la société civile à documenter et à présenter des rapports, ainsi qu’à assurer un suivi des recommandations émises dans le cadre de l’EPU.

Status of Women Journalists in Media, Radhia Shamsheer, 2019 (en anglais)

Challenges Experienced by Women Journalists during and before War in General, Cultural Media Centre, 2019 (en anglais)

Media Coverage of Women, Security, and Peace Issues, Maha Awadh, 2019 (en anglais)

Publication du Media Students Club, Soudan, première édition (en arabe)

Publication du Media Students Club, deuxième édition – avril 2020 (en arabe)

Publication du Media Students Club, Soudan,  troisième édition, 2020 (en arabe)

Impacts de ce projet